Entre Falmagne, Montbarrey, Laviron et Saint-Claude, il en faisait du chemin. Oh oui, ça c'est sur. Depuis que Jerome avait obtenu Montbarrey, ils avaient du déménager du vieux vicomté de Laviron. Mais Fred aimait toujours cette terre qu'il trouvait si calme. Par moment, il s'y rendait, afin de profiter d'un peu de tranquillité au bord de l'étang et des jardins du castel. Oh, on traitera Fred de brute aimante ou d'idiot, c'était un profond amateur de la beauté au naturelle, surtout quand il s'agissait de celle de son comté. Patriote dans l'âme et ce, à jamais! Il avait tenté de reproduire cette ambiance à Falmagne, mais ça n'y était pas encore, les moeurs des gens là bas sont différents de ceux en Franche-Comté. Aussi cette fois, il venait à Montbarrey. Il attendait un invité spécial... Très spécial. Pour lui en tout cas, c'était assez spécial. C'était rare que Fred recevait de la visite mais quand il en recevait, elle était de qualité au moins!
Assis dans son bureau à rédiger une lettre à envoyer à l'intendant de Falmagne - car oui, réaménager le domaine prenait du temps et il avait des directives très claires pour son intendant durant son absence - il observait souvent à l'extérieur par la fenêtre. Il était distrait. Son invité tardait à venir. De toute façons, c'était dans le tempérament de Fred; un grand lunatique. Militaire de carrière mais la tête en l'air. Héhé, c'était pas une belle combinaison de qualité ça. Un coup, deux coups, trois coups retentirent à la porte. D’ordinaire, dans son habitude il aurait hurlé "ENTREZ!" mais il préféra se lever. Lentement mais sûrement, laissant sa plume de côté. Il entrouvrit la porte, observant qui se trouvait dehors. Un garde. L'un de ceux qui gardaient la grille du castel.
- Messire Frederik, un certain Enzo, seigneur de Falmignoul vous demande à la grille.
- Ah. Bien, je vais venir à sa rencontre. Hum, laissez moi juste un instant, je finis ça et j'arrive!
Il fit demi-tour vers son bureau, signa la lettre avant de la rouler. Il ajouta un ruban et laissa couler de la cire rouge sur le rouleau ou il étampa vite son sceau. Voilà une chose de faite. Il revint à la porte et donna au garde la lettre.
- Vous porterez ça à l'intendant du domaine, dites lui d'envoyer un volatile à Falmagne avec cette lettre. C'est important.
- Bien entendu messire.
- Je te remercie.
Leurs chemins se séparèrent ici, il ferma la porte de son bureau tandis que le garde prit la direction de l'intendance. De son côté, il se dirigeait vers la grille. Il passait devant les portraits, le grand hall, descendit les escaliers, se retrouva dans l'entrée puis ouvrit la porte. Il fit les quelques mètres qui le séparait de la grille à la marche. Il voyait alors un cheval. Celui qu'Enzo chevauchait normalement et Enzo lui même qui se tenait à côté. Il observa un palefrenier qui traînait et d'un sifflement accompagné d'un claquement de doigt, il pointa la monture de l'invité. L'ordre était assez clair; occupe toi de ce cheval. À son arrivée et celui du palefrenier, la grille s'ouvrit. Il observa le garde, un sourire. Enzo, un autre sourire.
- Tu as fait bon voyage... Mon cher Enzo?
Il aurait bien voulu dire mon cher fils... Mais ce n'était pas encore officiel...